Immobilier : la réforme de la fiscalité risque d'ébranler le secteur.

Les professionnels de l'immobilier n'ont pas tardé à réagir après l'annonce mercredi dernier d'un fort durcissement de la fiscalité sur les plus-values immobilières. Le plan de rigueur budgétaire destiné à réduire les déficits publics demande au secteur immobilier une très importante contribution. Sur les 12 milliards d'euros que le plan doit rapporter entre fin 2011 et l'année 2012, la mesure qui vise à supprimer l'abattement sur les plus-values immobilières (sur résidences secondaires et logements locatifs) devrait faire tomber 2,4 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat soit 20% du plan Fillon. Les professionnels craignaient en amont un durcissement de deux dispositifs de soutien au secteur du bâtiment : finalement le PTZ+ ne sera pas touché, ni la TVA à 5,5% sur les travaux dans le logement, alors que cet avantage coûte très cher aux finances publiques (5 milliards d'euros en 2011).

C'est à la fois le soulagement et l'aigreur pour les professionnels, notamment pour les agents immobiliers qui voient dans la fin de l'abattement sur les plus-values un frein à l'investissement locatif. En supprimant l'abattement et en empochant une taxe sur 100% de la plus-value, l'Etat porte un coup dur à la rentabilité de l'investissement locatif. Les investisseurs ne vont plus vendre et ceux qui avaient des velléités d'achat ne vont pas s'engager. Le durcissement du Scellier début 2011 a d'ores et déjà eu une répercussion négative sur le volume des ventes : le nombre de transactions dans le neuf a reculé de 19% au premier semestre, le dispositif Scellier chutant de 32% sur la même période. Le nouveau coup de rabot de l'avantage fiscal qui passera en 2012 à 16% au lieu de 22% (pour les logements BBC, les autres écopent de 8%) va accentuer le repli et faire du Scellier une mesurette vidée de son intérêt. La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) table sur un recul des ventes de quelque 40 000, recul qui aura un impact préjudiciable au secteur de l'emploi.

Avec la fin de l'abattement sur les plus-values immobilières, l'Etat ne s'est pas attaqué au vrai problème de l'immobilier français qui souffre d'un grave déficit foncier. Il aura fallu taxer plus lourdement ceux qui détiennent des terrains constructibles non bâtis. Ce plan de rigueur n'incitera pas les propriétaires à vendre et engendrera un automatisme de rétention qui va freiner le marché.

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